samedi 1 mai 2010

Le Roi et l'Oiseau

"L'âne, le roi et moi
Nous serons morts demain
L'âne de faim,
Le roi d'ennui,
Et moi, d'amour"

Jeudi soir dans la brume de chaleur de la ville, marcher le long des quais avec juste l'envie d'ôter ses chaussures de d'aller pieds nus, fouler les pavés et se demander si quand je repasserai ils reconnaîtront mes pieds parmi tous ceux qu'ils voient défiler chaque jour au-dessus de leur tête. C'est le temps des glycines, les raisins de fleurs s'entrelacent sur les façades de ces belles maisons qui longent le fleuve ; plus tard je lui dis "As-tu déjà manger du sucre à la violette ?", il répond que non, et je lui dis que c'est délicieux, que j'ai parlé de ça parce que les glycines ressemblaient à du sucre à la violette que l'on aurait saupoudré sur des branches, il ne sait pas quoi répondre à cela, alors il se tait et sourit en coin. Un homme à vélo me dépasse, à la main un bouquet de lilas, blanc et mauve : tout le long de mon chemin le parfum m'accompagne. Place Gutenberg, un homme joue du violon, et la plainte cristalline semble creuser un vide entre lui et le monde ; j'imagine mon air bête, à écouter de toute mon âme, les yeux tournés vers le ciel et l'oreille tendue, complètement absente, une somnambule mélomane.

Que Strasbourg était belle ce soir-là. 
Montre-moi encore, s'il te plaît, remplis mes yeux et ris de mon air d'enfant qui pour la première fois voit un éléphant en me prenant la main. 
Je veux danser à minuit devant la cathédrale, avec vous tous, ceux que j'aime, je pleurerai je sais tellement tout ça me paraîtra trop extraordinaire. Promettez-moi qu'au prochain beau jour nous irons.

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