dimanche 24 octobre 2010

It will be legend...Wait for it...dary !

Je crois que j'ai eu ce que Nietzsche appelait une expérience d'éveil, une expérience non pas d'impuissance mais de non-puissance face à la vie ; quelle différence entre impuissance et non-puissance ? L'impuissance fait de nous des êtres passifs et assimilables à un destin, engloutis en lui, et je ne crois pas au destin. La non-puissance, c'est ne pas pouvoir lutter contre la contingence de la vie : aussi faut-il l'accepter et l'apprivoiser. Et si j'invente l'opposition des deux termes, je crois que c'est bien ce que Nietzsche voulait dire. Ma rupture avec Loic fut une longue agonie de six mois, et quand ce fut fini, j'étais morte : pour cela je me suis coupé les cheveux, dans beaucoup de culture c'est un signe de deuil, signifiant qu'il y a au une rupture et que seule le temps pourra l'effacer et redonner à la chevelure leur longueur d'Avant. Mais elle ne fut vraiment expérience d'éveil que lorsque je perdis la plus grande part de l'amour de Frédéric et que la souffrance fut totale, fut la mort. Ce n'est qu'alors que je me rendis compte que je ne pouvais plus vivre de cette façon, selon ces schémas destructeurs que j'avais intégré avec peine dans une relation longue de quatre années et qui avait réduit mon corps à néant jusqu'à une sorte de neurasthénie intellectuelle. Alors oui, j'ai changé ; Frédéric m'a changée. J'apprends à ne plus m'enfouir dans ce cercle vicieux et contradictoire d'une vision du future partagée entre idéalisation -espoirs monumentaux- et angoisse -spleen, canapé bleu marine-, les deux extrêmes qui ne peuvent s'entendre et déchirent l'âme, puisqu'aucun de l'emporte sur l'autre et ne rassure donc. Je change : la couleur de me cheveux, mon attitude envers les autres, ma capacité à prendre des risques, ma façon de voir ma relation amoureuse. La vie, dangereuse et incertaine, je décide qu'elle me plaît comme elle est ; c'est l'éveil à tout ce qui est profondément inutile et tout ce qui est essentiel, l'éveil philosophique en quelque sorte, et Epicure serait fier de moi. Maintenant, je ne veux que faire confiance à l'avenir, le laisser venir, avec toute l'instabilité que la notion même de futur contient : παντα ρει disait Héraclite. Je vais reprendre le piano, autant que je peux en le faisant seule, et je vais aller voir un psychiatre pour synthétiser, parler de mes cauchemars et de mes nouveaux articles philosophiques nés après lecture de Philosophie Magazine, et peut-être abattre les derniers -et non les moindres- de mes blocages. Et si, après quelques verres désormais je lui dis que je veux croire qu'il va se rendre compte, que tout peut changer, PEUT, pas doit mais PEUT, et cet espoir suffit, si petit et contingent qu'il soit, c'est justement parce que j'ai envie d'y croire, d'arrêter d'osciller entre niaises espérances et angoisse de la déception. Alors je te dis, puisque tu liras cela : viens dans mes bras, viens me faire un câlin, dis-moi juste que tu es bien comme je le suis et que tant que ce calcul peut se faire, alors ça continuera. That's all I want, can you give it to me ? Je crois que oui, alors faisons ça, cela me plaît.

EVEIL.

samedi 23 octobre 2010

I've turned the page.

J'aime être dans tes bras, c'est rassurant, c'est chaud, c'est doux et tranquille. J'ai le coeur qui s'apaise au fur et à mesure du temps que je passe avec toi. Audrey m'a dit ce matin "Waouh, comme tu as changé depuis l'année dernière", et c'est vrai. Car quand Juliane me demande si je pense que tu es l'homme de ma vie, je lui réponds "Je ne sais pas, pourquoi pas, on verra, j'aimerais bien" et mon âme n'est pas lourde comme une tenture de velours pleine d'eau de pluie, elle est légère, ça ne lui fait pas de peine, elle ne se pose pas la question. Assez de prise de tête, cet étau qui me comprime m'a trop déchirée déjà. Vivre d'abord, et ce n'est pas une mince affaire en soi !

Faire des câlins, attendre que tu arrives, prendre le petit-déjeuner en regardant des dessins animés, danser dans ma cuisine, s'embrasser, s'exprimer par onomatopées. Ca, c'est un Nous, et je l'aime plutôt bien comme il est.

jeudi 21 octobre 2010

Ce soir tu seras fier de m'avoir à ton bras.

mardi 19 octobre 2010

About us.

"Je sais qu'il manque parfois l'étincelle,
Mais je sais qu'il ne nous manque pas l'essentiel"

dimanche 17 octobre 2010

Je ne comprends pas pourquoi tu me le caches et pourquoi tu me réponds si froidement.

samedi 16 octobre 2010

Et les bras de Moïse furent levés jusqu'à la fin du jour.

"Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri".

Dans l'église, face à Jésus sortant du tombeau, je sais que j'ai trouvé une sorte d'apaisement. J'ai soigné mon malaise face à Loic, je n'ai plus cette gêne quand je lui parle ; la métamorphose suit son cours, elle est en bonne voie. D'abord il a fallut couper, et les cheveux tombe en même temps que quatre années laborieuses ; ensuite il a fallut s'ouvrir, peu à peu, et c'est la frange qui disparaît pour dégager le regard, source de vie, et l'esprit, source de lucidité, c'est arrivé un peu tard, ça a encore réussi à gâcher quelque chose, à emporter quelque chose dans sa chute pour mieux faire mal ; mais justement, arrive la dernière étape, il a faut changer de vision, abandonner le noir et blanc, le tout-bien ou tout-mauvais et la passer au prisme, alors on change la couleur des cheveux, et symboliquement c'est d'état d'esprit qu'on change.

De ce que nous avons discuté vendredi soir, je ne parlerai plus. Cela ne sert à rien d'autre qu'à créer une souffrance qui naît des mots qu'on prononce, parce qu'on ne sait pas dire l'entre-deux, et comme ce n'est pas tout rose on en déduit, à tort, que c'est tout noir. Pourtant c'est d'un beau violine : une couleur difficile à porter, mais tellement belle. Et puis, elle va très bien avec ma nouvelle couleur de cheveux.

"J'aime mieux, me dit maman, ça fait plus joyeux".


Bonjour je m'appelle Noémie, j'ai 19 ans, 8 mois, 9 jours, et comme les pays qui ont signé le protocole de Kyoto se sont engagés à réduire leur émission de CO2, je m'engage à réduire drastiquement mes émissions de larmes. Eh, ça ne le paraît pas, mais c'est la révolution.

jeudi 14 octobre 2010

Le canapé et la manzana.

Et si je décide d'être heureuse, définitivement cette fois ? "Laisser faire, laisser passer" mais version sentimentale. Abandonner toutes ces angoisses et ces peurs et apprécier. Juste apprécier. La chaleur de ses bras, les bisous dans le cou, son odeur, ses yeux de printemps. Attendre, ou plutôt non, pas attendre, le terme est mal choisi, il contient trop de suspend et de non-dit, plutôt se laisser aller sur la vague du temps qui passe, à son rythme, et qui décide de toute chose. Puisque rien ne peut nous dire de quoi demain sera fait, autant ne pas l'inventer trop en avance, cela fait toujours beaucoup trop de mal et de souffrance.

Et si je décidais d'être heureuse ?

dimanche 10 octobre 2010

The killer inside me

Je relis ces mots, ses mots, sur cette carte qui vient d'Annecy, et c'est le vide qui encore une fois s'empare de moi. Je ne lui manque pas. Pardonne-moi ces phrases que tu vas détester, mais il faut bien que ça sorte quelque part. Je ne peux pas toujours m'imploser parce que cela va te froisser. Hier soir au cinéma, les limites se sont comme écroulées, et j'aurais aimé l'embrasser, pour tout foutre en l'air ou pour qu'il se rende compte, que quelque chose se réveille à nouveau. Mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas ce genre de fille qui sait se faire désirer, envier, aimer ; comme l'a dit Guillaume, je ne suis pas une fille qu'on est fier d'avoir à son bras, et c'est la triste vérité. Et hier soir, seule dans mon lit, dans cette conversation fictive avec toi, je dis tout ce que j'ai sur le coeur et ça ne me soulage pas parce que l'instant d'après je pense le contraire de ce que je viens de dire. Je me sens perdue, attirée par un autre, peut-être seulement par dépit, ça m'est déjà arrivé tellement souvent, lâche de ne pas savoir. Il ne reste qu'à attendre.

vendredi 8 octobre 2010

La p'tite Lady, Vivien Savage - Ce que j'aimerais qu'un homme pense de moi.

Qu'est-ce qu'elle attend la p'tite lady gare Saint Lazare
qu'est-ce qu'elle me veut la miss avec ses yeux d'renard
derrière la voilette du chapeau avec une plume d'autruche
pour faire plus beau
he gratte-moi la puce que j'ai dans l'dos

Mais qu'est-ce que j'vois, qu'est-ce que j'peux faire qu'est-ce qu'elle est belle, la p'tite lady déguisée comme un arc-en-ciel
avec ses boots en peau d'serpent, ses collants rose fluorescents
sa mini-jupe en skaï et comme ça swingue sous son chandail

J'vais m'dévisser à force de la r'garder
il faut qu'j'lui dise que j'veux faire des bêtises
j'peux pas rester minable plus longtemps sans la brancher
car elle a comme un p'tit chat sauvage dans les yeux
qui ressemble au tatouage que j'ai dans l'coeur
Y a pas d'erreur

Qu'est-ce que c'est fou, qu'est-ce que c'est chaud c'que tu dégages
Si j'te l'dis pas tout de suite j'aurais pas tes images
mais j'vais pas laisser passer l'train
pour ce genre de voyage j'ai peur de rien
Hé Hé Hé qu'est-ce que tu bouges bien.

On dirait qu'le monde est à toi quand tu t'promènes
Sur ce quai d'gare, Cendrillon, tu marches comme une reine
Dans les yeux ces types qui traînent avec leurs blouses de fin d'semaine, et comme j't'imagine aussi givrée qu'une mandarine.

J'vais pas t'laisser partir avec un légionnaire en perm
J'vais pas t'laisser séduire par le premier marin qui traîne
j'vais pas t'laisser dormir toute seule si t'es libre ce week-end
car tu as comme un p'tit chat sauvage dans les yeux
qui ressemble au tatouage

J'vais pas t'laisser partir avec un légionnaire en perm
j'vais pas t'laisser séduire par le premier marin qui traîne
j'vais pas t'laisser dormir toute seule si t'es libre ce week-end
car tu as comme un p'tit chat sauvage

J'vais pas t'laisser partir avec un légionnaire en perm
j'vais pas t'laisser séduire par le premier marin qui traîne
j'vais pas t'laisser dormir toute seule si t'es libre ce week-end
car tu as comme un p'tit chat sauvage dans les yeux
qui ressemble au tatouage que j'ai dans l'coeur
Y a pas d'erreur.

dimanche 3 octobre 2010

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry

C'est alors qu'apparut le renard.
-Bonjour, dit le renard. ..
-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.
-Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
-Qui es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli..
-Je suis un renard, dit le renard.
Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste... 
-Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé
-Ah ! pardon, Et Je petit prince.
Mais, après réflexion, il ajouta:
-Qu'est ce que signifie « apprivoiser » ?
-Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu!
-Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser » ?
-Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Ils élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules ?
-Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie « apprivoiser »?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n' ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses.
-Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
-Non.
-Ça, c'est intéressant ! Et des poules ?
-Non.
-Rien n'est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée:
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince:
-S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de
temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. 
Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
-Que faut-il faire ? dit le petit prince. 
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près... 
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après- midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai ; je découvrirai le prix du bonheur ! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur. Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un « rite » ? dit le petit prince.
-C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :
-Ah ! dit le renard... je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal,
mais tu as voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n'y gagnes rien !
-J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta:
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles, mais vous êtes vides, leur dit-il encore. on ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu' elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai mise sous globe. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écoutée se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c' est ma rose.
Et il revint vers le renard :
-Adieu, dit-il...
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit
bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... lit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié, cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...

-Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.