dimanche 24 février 2013

Fuck Them All.

Les cheveux lisses par-dessus le manteau trop grand, à saillir aux épaules, la robe de laine noire et les bottines battant le pavé, dans l'air ouaté de l'hiver, à son bras, l'été dans le cœur. Pour lui je suis l'irrésistible Nana, avec sa peau satinée et fraîche comme de la mousse de sous-bois, son haleine d'amour et de passion, ses yeux d'eau qui dort ; il est mon Georges, mon Zizi, cet être qui se donne encore comme un bébé, avec toute sa candeur, sa confiance, sa jalousie de petit garçon qui se cache, sa face blême quand il s'imagine que mon amour pour lui n'est plus le même. Oui, j'aimerais être Nana, avoir sa flamboyance de catin, contre le reste du monde, et envoyer valdinguer le reste. J'aimerais me tenir devant le monde et n'avoir pas peur de lui, de toutes ces choses qui m'échappent jusque dans les recoins les plus intimes et secrets de mon existence, ce chaos qui, comme une bête sauvage, se tapit mon ombre et m'enserre le cou dans les moments noirs de solitude. Je teins mes cheveux en roux, comme un rempart contre la banalité poisseuse et collante ; dans mon lit, avant de m'endormir, la misère du monde emplit mes poumons, s'insinue dans mon cœur, mon foie, mon cerveau, derrière mes rétines, et mon impuissance achève de ronger mes os. L'homme n'est qu'un amas de chair plein de chagrin. Pleurer ? Autant pisser dans un violon. J'aimerais juste pouvoir revendiquer mon droit au bonheur dans un monde où un quart de l'humanité crève sur place.