mardi 9 août 2011

As dans le coeur

J'ai envie, qu'à partir de septembre, une fois que j'aurai mon emploi du temps, et Thibaut le sien, qu'un jour par semaine ravive le souvenir des mardi soirs du chat : j'imagine un soir où nos amis seraient invités à passer chez nous, s'ils le souhaitent, et je ferai une page Facebook, où vous pourriez vous inscrire, il y aurait ce que l'on aurait prévu de manger, et de faire plus tard, chacun donnerait deux ou trois euros pour participer aux courses, et ça serait notre rendez-vous de la semaine. 

Mais je ne sais pas.
J'ai tellement de projets qui tombent à l'eau que je ne me fais plus confiance.

On verra.

lundi 8 août 2011

Idunn. Suite.


C’est étrange, le monde en vue réduite ; les mains soutenant sa tête, autour des yeux, Sigrid voit le monde comme au travers d’un entonnoir : il n’y a plus que des jambes et des chaussures, le carrelage froid et sale, les traces de neige fondue qui le rendent glissant. Et maintenant que faire ? La nausée cogne dans sa tête. Elle a dans la bouche un goût de rance. Il va bien falloir rentrer. 
Marche arrière. On rembobine. Les maisons, les immeubles, les trottoirs, les plaques de fer arborant le nom des rues ; Sigrid retourne sur ces pas, sans se presser. Elle se sent obligée de rentrer chez elle, et pourtant une petite voix au fond de sa tête lui dit : «Obligée ? Mais QUI t’oblige à part toi ma fille ? Tu n’as pas à le faire si tu ne veux pas». Mais elle continue d’avancer. Elle ne sait pas si elle est anxieuse d’affronter cette situation totalement fantasque, si elle se sent honteuse d’avoir pris peur devant une simple bague ou si elle est soulagée d’avoir trouvé une raison de rentrer parce qu’elle meurt de froid. Au bruit de la clef dans la serrure, elle se demande si elle se trouve du côté du prisonnier ou de celui du geôlier. La jeune fille reste un instant sur le pas de la porte, immobile, épiant les sons qui s’échappent des murs, comme pour surprendre son appartement en flagrant délit de vie autonome secrète. Le plafond craque sous les pas lourds de monsieur Rialtino, un papy italien de soixante-dix ans qui ne peut plus respirer dans sa bonbonne d’oxygène qu’il traîne derrière lui ; le bois travaille ; le chien des Dumont aboie en entendant monsieur Dumont rentrer ; le vent fait palpiter les fenêtres. Sigrid s’attendait à voir l’anneau émettre une sorte d’aura, un frissonnement dans l’air qui lui prouverait son danger, mais force lui est de constater qu’il se comporte comme n’importe quel objet de bonne compagnie : immobile, aphase, neutre.