dimanche 6 mai 2012

GG

C'est écœurant de voir l'égoïsme des gens ; tous le reconnaissent, mais personne ne se risque à appeler un chat, un chat : la douceur de l'euphémisme fait glisser la pilule. L'égoïsme se travestit donc en individualisme : parce que l'on a le droit de penser à ce qui est bon pour soi, parce que l'initiative et le choix sont individuels, parce que les convictions le sont également. Foutaises bien enrobées, à la mode de ces œufs mayonnaises qui prennent un nom faramineux dans les restaurants de la haute société. La démocratie, c'était se poser la question du bien commun, c'est mettre en avant le collectif avant l'individuel, et faire des sacrifices, des compromis, pour arriver à cet idéal. Un candidat de gauche est élu, et la bêtise se déchaîne : entre les arguments trompe-l'oeils et les commentaires racistes à peine déguisés, c'est la foire mes chers amis, et les perdants sont mauvais joueurs. Quand je lis, de la part d'un jeune homme de mon âge, que des "drapeaux de bougnouls" flottent rue de Solférino, ça me dégoûte. De l'autre côté du Mur, le président sortant se posant en petit père du peuple -quelle hypocrisie-, ça ne pose pas de problème ; par contre, les droit de vote aux étrangers au niveau local, le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels, la régularisation des sans-papiers au cas par cas, LA, selon eux, se trouve ce qu'ils nomment l'ignominie, la catastrophe, le désastre, c'est CA qui les fait se poser en prophètes d'une France destinée à mourir sous les coups du Socialisme et à se perdre sous les dettes dans les déserts arides de la finance mondiale. Pourtant nous sommes des millions à l'avoir choisi, ce candidat ; alors, avant de vous noyer dans vos propres chimères et de succomber à vos propres peurs -irrationnelles-, accordez lui au moins le bénéfice du doute. 

That's how the game works, just be fairplay.

mardi 1 mai 2012

Blutbad

As-tu pu croire -ou plutôt imaginer- ne serait-ce qu'une seule ridicule seconde que parce que tu te retrouvais soudainement seul à nouveau tu pouvais me rappeler et que j'allais accepter de te voir et potentiellement me remettre avec toi ? Si je me trompe, my bad, my mistake, "mea culpa, mea maxima culpa" (cette phrase est également disponible dans plusieurs autres idiomes grâce à l'invention merveilleuse qu'est Google Traductions, halleluja, God save the Queen et vive le Roi). Mais ça te ressemble tellement.

Veux-tu que je te crache à la figure tout ce que tu m'as dit ? Veux-tu que je récupère les poignards dans le grenier de ma mémoire pour les planter dans ta porte ?

"Si l'un de nous deux romps ce sera forcément moi en premier"
J'espère que tu n'avais pas payé la voyante trop cher vu la médiocrité de la prédiction.




vendredi 20 avril 2012

Quand Avril rime déjà avec été

Les vacances, enfin. Le soulagement après trois semaines de boule au ventre, la joie ne se dire qu'on je n'aurai plus mal à la main après huit heures de partiel. Les projets, les projets, que de projets !

Le déménagement, cette nouvelle aventure
Le coiffeur avec Janis et le retour de la frange (!)
Amsterdam en juin
Cette semaine avec Lucile
Les mardi avec Amandine, de nouveau
La lecture à foison, le cinéma aussi
Les retours chez papa et maman
Les soirées entre amis qui peuvent durer jusqu'à 3h du matin sans me faire culpabiliser

Tout ça et plus encore, tout ça, j'ai hâte.

vendredi 13 avril 2012

La sauge des devins ou la métaphysique de l'orchidée

Dans deux mois je laisse derrière moi cette appartement où j'ai accumulé trop de souvenirs ; si ce n'étaient que des bons. J'ai brûlé les lettres, j'ai effacé les photos, les messages, les mails, j'ai rendu ce que je devais rendre, j'ai rendu à César ce qui était à César, sans mélancolie, sans même un tressautement : au moment où l'objet disparaît -non pas oublié, mais véritablement détruit ou dégagé-, les fils se brisent, les artères se détendent, les neurones aussi. La glande surrénale boude, elle aurait espéré un peu plus d'excitation, de palpitation, de nervosité envers ses gestes irréparables. Le seul lien qui me rattache encore à tout ça -TOUT CA, parce que oui, c'était quand même quelque chose-, c'est cet appartement, ces murs. Le faux parquet se gondole du flot de ma noirceur, il se nécrose, les plinthes se détachent : il est temps de partir.

Mon orchidée était en train de mourir. Ce n'était plus qu'un amas de tiges vertes et un peu desséchées, de racines et de terre. Et un jour, je l'ai changée de place : elle se retrouva quelques dizaines de centimètres plus loin, près de mon velux, et le lendemain j'ai eu la surprise de voir qu'un bourgeon s'était formé. Alors, comme l'orchidée, je me déplace, je laisse tout derrière moi, à des inconnus qui ne sauront pas lire les vapeurs qui flottent dans l'air, car elles ne voudront rien dire pour eux.

C'est à quatre que le nouveau départ se fait ; tout est si neuf, si brillant, comme une belle pomme rouge -une Royal Gala- qu'un gentleman anglais aurait frotté sur le revers de sa veste en velours noir. Une enfant, je suis une enfant : je voudrais déjà prendre possession de ce nouvel appartement, y placer tous nos meubles, aller faire les premières grosses courses ensemble, installer la décoration, bâtir quelque chose de nouveau. Je prépare déjà notre premier repas de crémaillère, à tous les quatre ; je sais qu'on achètera du vin, je sais qu'on fumera, qu'on regardera la télé d'un œil en discutant de tout à fait autre chose. En somme, on vivra le présent, et c'est déjà bien assez dur. Pour le reste, il y a la sauge des devins.

lundi 2 avril 2012

Now and then I think of all the times you screwed me over
But had me believing it was always something that I'd done
But I don't wanna live that way
Reading into every word you say
You said that you could let it go
And I wouldn't catch you hung up on somebody that you used to know

vendredi 16 mars 2012

Guillermo Carnero, Esayo de una teoria de la vision

Merci à ma professeur de littérature comparée, Mlle. Piccone (de qui sont les traductions) pour m'avoir fait découvrir la poésie des "Novissimos". Je regrette juste de ne pas pouvoir les lire en espagnol. Un petit extrait de l'oeuvre de Carnero, enjoy.

Une forme de snobisme modéré,
ma employé,
doit nous excuser
de cette mesquine façon de pousser à l'extrême
les exercices spirituels :
le cinéma lacrymogène et son mal du siècle,
sa grande architecture des tristes destinées
et le galant tragique que nous aimons tant
(avec ses caresses maladroites et ses yeux si doux
toujours perdus dans l'éternité)
nous faisaient ressentir
une illusion de tendresse
et l'ivresse du jeu du hasard et de l'amour.
Que ces années furent mal employées : tous deux
avec notre maturité provisoire
et la ferme volonté de ne pas souffrir sans raison,
nous somme demeurés malhabiles, enclins
à cette folle malice

"Las amistades peligrosas"

Névrosés, naïfs, mes chers amis,
que vous me faîtes souffrir, comme je vous ai aimé.
Elles sont encore si proches ces années
de beuveries saupoudrées
de prétentions ontologiques,
de mégots, de conversations
interminablement littéraires,
de suicides (frustrés)
à cause de l'excès de tendresse,
mais désormais elles me font ressentir de la honte et de la haine
(envers moi-même)
parce que j'ai réussi à être, au prix de ma vie,
solide et raisonnable avant l'heure.
Quelle belle idiotie
votre absurde concept des larmes.
Et comme je vous aime encore, comme vous me faîtes sentir
terriblement seul et vieux.

"Gato escaldado del agua fria huye"

Non, c'eût été trop concéder à ces idiots d'usuriers, ces satrapes
que de se présenter sans chrysanthèmes aux soirées intimes,
que d'expliquer "la manie italienne" de Stendhal au corset mité de la duchesse,
à cette sale rosse de bourgeois,
                                                                 Et cependant,
qu'il faut peu de choses pour mourir,
quelques tombereaux d'églantines et de roses,
un grand divan de plumes, recouvert de velours vert sous les
                         rosaces de la coupole,
un illustre palais d'où se dégage discrètement
l'odeur du tabac, et de la verveine.

"Brummel"


Les mots de Carnero tourbillonnent dans ma tête

Je me permets de faire les conclusions qui correspondent à mes ressentis. Ce n'était pas hâtif : j'ai eu toutes les vacances d'été pour y réfléchir, et puis jusqu'au mois de novembre, avant que je coupe les ponts. Alors non, ce n'étaient pas des conclusions hâtives. 

Je ne suis pas fâchée, je suis triste. Je me sens vide. Voir tes mots, après si longtemps, ça m'est obscur, ça me fait du mal, parce que j'essaye de penser à autre chose. Je ne sais pas ce que tu en espères, ou même ce que tu n'en espères pas. La métaphore du couteau est très juste, pour le coup.

Vous me manquez. Et si je n'ai rien compris, alors jette moi la première pierre.

PS : Avant de t'enflammer, je t'ai écrit un mail. J'aimerais mieux que lorsque tu veux me dire quelque chose tu le fasses par cette voie.

jeudi 8 mars 2012

I don't want to live on this planet anymore

Je suis une idéaliste. Si j'avais vécu dans la deuxième moitié du XIXe siècle, j'aurais été une des premières à adhérer au socialisme, et plus tard au communisme. J'oublie trop vite que la plupart des gens sont égoïstes et individualistes, et n'ont pas, comme je peux l'avoir, un sens profond du bien commun. Je suis idéaliste, je suis égalitariste, je suis pacifiste, je suis écologiste.

A ce titre, notre cher président sortant me dégoûte, du haut de ces talonnettes il arbore tout haut un sourire hypocrite et menteur : président des classes populaires, c'est à vomir. Mais le pire reste ces gens que j'entends dire : "Pourquoi est-ce que quelqu'un de riche payerait pour les plus défavorisés ? Moi, je fais partie de la classe moyenne, et personne ne m'aide, moi, alors pourquoi j'aiderais les autres ?" ou "Nous sommes dans une société individualiste Noémie, ça ne peut pas marcher" ; le cri se serre dans ma gorge. Ce n'est pas ca, justement, le problème ? Peut-être qu'il est tend de changer cette société individualiste, où chacun ne pense qu'à sa propre pomme.

J'aimerais convaincre ces personnes qu'on peut changer les choses, si chacun apporte sa pierre, si chacun est prêt à faire des sacrifices, à s'impliquer. Mais je sais que c'est naïf.

dimanche 4 mars 2012

Memories consume
Like opening the wound
I'm picking me apart again
You all assume
I'm safe here in my room
Unless I try to start again


I don't want to be the one
The battles always choose
Cause inside I realize
That I'm the one confused


I don't know what's worth fighting for
Or why I have to scream
I don't know why I instigate
And say what I don't mean
I don't know how I got this way
I know it's not alright

So I'm breaking the habit
I'm breaking the habit tonight

Clutching my cure
I tightly lock the door
I try to catch my breath again
I hurt much more
Than anytime before
I had no options left again

samedi 25 février 2012

Everything is NOTHING, and EMPTINESS is in everything

C'est un homme, âgé déjà, bijoutier, qui boit toujours du Côte-du-Rhône, debout au comptoir, sans s'asseoir jamais. A lui, sans savoir pourquoi, j'avais dit que papa était malade. Et aujourd'hui, c'est à moi qu'il a confié sa détresse, la même que j'ai pu ressentir ces dernières semaines.

"Parfois, je suis au restaurant avec des amis, et certaines choses me rappellent des souvenirs, et je craque, alors on me dit <>, ils ne peuvent pas comprendre"

Moi je comprends. Je vois toutes les larmes qui coulent au dedans de lui quand il m'avoue qu'il y a quelques années, pendant sept mois, il était en dépression profonde, et qu'il ne sortait plus de chez lui, fermait tous les volets, et pleurait toute la journée. Je vois qu'il fuit quand il part dit faussement en revoir au reste des clients. 

Papa était malade.
Mes amies m'ont laissée.
Ma voiture m'a presque lâchée.
Mes nuits étaient sans sommeil, mes journées sans intérêt. 

Qui n'a pas vécu cet état ne peut pas comprendre la différence qu'il y a entre ne plus avoir envie de vivre et avoir envie de mourir ; je n'avais plus envie de vivre. Jamais je n'aurais eu le courage de me tuer ; pourtant j'étais prête faire la planche et à me laisser dériver, à abandonner mon existence, à démissionner.

Je dois d'aller mieux à deux personnes, qui probablement ne se sont même pas rendues compte qu'elles m'ont empêchée de tomber en fond du trou : Thibaut, mon amour, qui dédramatise mes cercles vicieux et me sort de ma logique destructrice, et Janis, une vraie compagne de cœur, avec qui je me suis trouvée plus de point commun qu'avec mes anciennes *amies*. 

Je ne sais pas si mes rêves me paraissent proches ou terriblement lointains. Je reprends pied. J'efface, sur Facebook (risible mais néanmoins prenant), presque toutes vos traces, autant que je peux, parce que je n'ai pas tourné la page. Mon corps subit encore une fois ma tête, et je me vois hideuse dans le miroir. Mes parents sont loin, métaphoriquement, et je ne me sens plus tout à fait chez moi quand je retourne là-bas. Personne ne m'avait dit que grandir était si douloureux.