dimanche 10 avril 2011

Idunn.

Mais Dieu, dont les voies comme les réponses sont impénétrables, ne répond pas. Mais, autour d’elle, tout devient blanc, de cette blancheur de neige, immaculée et froide, mais pas comme celle qui avait aveuglé ses yeux, sur le balcon, tout à l’heure ; cette blancheur-là est comme une concentration de lumière. 
«Pourquoi abandonner ? Tu es si jeune. L’espoir arrive, il n’est pas loin»
La voix semble venir de la lumière elle-même. Sigrid l’observe intensément, à se brûler les rétines ; une silhouette se détache peu à peu, comme issue des limbes : c’est un homme, jeune et blond, les cheveux mi-longs et lisses, il a une branche de gui à son côté. Ses yeux sont gris et froids. Sigrid sent un frisson lui parcourir la peau lorsqu’elle se rend compte qu’il est aveugle. Son visage est bienveillant, il lui sourit.
«Pourquoi veux-tu abandonner ? Le combat n’est pas fini, lui dit-il
-Quel combat ?
-Le Grand combat, il n’est pas arrivé. Et tu dois être là.
-De quoi parlez-vous ? Je ne comprends pas ! Je veux retourner chez moi ! crie-t-elle, tournant sur elle-même pour chercher une porte, une faille, une sortie, mais elle n’en trouve pas.
-Père et Mère savent bien que nous t’imposons une lourde charge. Mais tu es importante, Sigrid, et nous aurons grand besoin de toi.
-Père et Mère ? C’est toi et ta famille qui êtes à l’origine de tout ça ? De toutes ses douleurs ? Réponds ! hurle-t-elle en s’avançant d’un pas menaçant vers lui. Je t’ai posé une question. REPONDS !
-Ce n’est pas nous qui sommes responsables. C’est ta nature, lui répondit-il d’une voix tranquille.
-Ma nature ?
-N’abandonne pas Sigrid. Nous t’attendons pour bientôt.»
La jeune fille se redresse brutalement dans son lit ; s’est-elle vraiment endormie ? Cette conversation avait semblé si réelle. Quel était cette homme ? Même dans le cas où il ne serait qu’une manifestation de son subconscient perturbé, la question valait le coup. Pourquoi portait-il une branche de gui ? Elle se promit d’emprunter un livre sur l’interprétation des rêves à la bibliothèque. Evidemment, cela n’avait pu être qu’un rêve. Sigrid, déçue et secouée, parcoure d’un regard sa chambre, dont les murs blancs sont encore nus, elle n’a pas encore pris le temps de se demander comment elle pourrait les décorer. Quelque chose attire son attention sur sa table de nuit : un anneau d’or, très fin, se trouve posé-là. Intriguée, elle n’ose pas y toucher. Une inscription se trouve dessus ; il est écrit : «L’espoir est vain sans combat». La jeune fille se dit qu’elle aurait plutôt écrit : «Le combat est vain sans espoir». Cette phrase-là n’a pas de sens ! Sans toujours oser y toucher, Sigrid décide qu’elle a besoin de prendre l’air. Elle s’habille rapidement et part en claquant la porte. 


Le début se trouve quelques articles plus bas.

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